Les autistes
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRGGGGHHHH Bordel de merde de putain de société à la con! J’ai bien envie de gueuler ça du plus fort que je peux.
Mais bordel quoi !!!
Voila, ça a déjà fait le tour du net hier mais même si c’est du réchauffé, je dois réagir.
J’aime les autistes. Ils ont leur monde, ils ont leur façon d’être, leur façon de voir les choses. Ils ressentent l’environnement des milliers de fois plus intensément que nous, un peu comme si on vivait sous XTa continuellement. Eux, c’est tout le temps comme ça. Pour eux, tout est tout le temps agressif, coloré, bruyant. Jamais de repos pour l’esprit, toujours l’angoisse, toujours la peur.
Et pour ça, ils se créent une forteresse, une bulle, un mur… concrétisé par la répétition d’actes. La répétition, c’est bien parce que ça réconforte, on a le contrôle de la chose parce qu’elle ne sera jamais différente, on sait exactement quand et comment vont se dérouler les évènements. Lancer un objet dans les escaliers, descendre le chercher et le relancer, redescendre le chercher et recommencer des heures durant, prendre cet objet, le mettre sur une table et lui mettre une grosse claque pour s’assurer que comme pour la claque en haut de l’escalier, l’objet atterrira sur le sol. Adorer les impasses parce qu’une impasse, on voit la fin. Les routes sont toujours différentes, mènent partout et nulle part, et les impasses, non. Les impasses, c’est cool, c’est toujours la même chose, ça a un début et ça a une fin.
Voila ce qu’un grand nombre de personnes n’aiment pas chez les autistes. Ils ne pensent pas pareil que nous. Leurs frayeurs sont concrétisées, ils ne les gardent pas en eux comme on le ferait, ils expriment à leur manière ce que nous essayons de garder en nous (jusqu’à ce qu’on pète un cable, c’est notamment comme ça qu’il y a autant de suicides)
Et bien non ! Merde quoi!
Je bosse dans une institution où la répétition fait partie de la vie. Toujours des frites le jeudi, par exemple. Toujours les mêmes horaires, toujours les mêmes lieux, toujours les mêmes activités. Et ils se sentent bien. Ils sont heureux. Tellement heureux que tous les vendredis, ils filent se mêler à la population pour faire des emplettes au marché.
Tellement heureux qu’en septembre, ils seront capables de bosser dans une ferme, vendre leurs oeufs, leurs légumes, la viande, le foin, traire des vaches, s’occuper d’animaux. Pas question de faire la grasse mat’ quand on a des vaches à traire dès 5h00 du matin, pas question de faire des pauses quand on a plusieurs hectares de terre d’où enlever les mauvaises herbes pour avoir de beaux légumes…
Eux, ils seront capables de le faire. Ils seront motivés, ils le feront avec un plaisir non dissimulé parce qu’ils aiment le contact avec la nature, avec les animaux…
Moi, quand je devrai me lever à 4h00 du matin parce que je devrai les superviser dans l’atelier “traite des vaches”, j’aurai du mal.
Voila et à coté de ça (pour ceux qui n’ont pas encore lu l’article), des autistes ont voulu s’installer dans un immeuble proche d’un hopital. Le propriétaire de l’immeuble à refusé, de peur de voir ses prix baisser car “qui voudrait avoir des autistes près de chez soi?”.
Ils sont mon quotidien, ils comprennent mieux que quiconque qu’on puisse parfois être de mauvaise humeur, ils ont un 6ème sens.
On essaie parfois de mettre dans un coin de la tête les soucis qu’on a pour bosser convenablement, pour se concentrer, et finalement, il suffit de pousser la porte de l’institution, d’en regarder un dans les yeux et tout en bavant (parfois, hein!), il dit “keskivapa?”. Alors on se dit “Mais mince, comment il sait que j’ai des tracas, j’étais souriante quand j’ai poussé la porte!”.
Leur naturel mettrait n’importe qui de bonne humeur, chacun d’entre-eux est comme entouré de petites particules de soleil tellement la joie de vivre se lit en eux dès qu’ils sont dans un environnement stable.
Travailler avec eux, c’est comme suivre une thérapie par le rire, on sort de là complètement épuisé mais heureux, c’est comme s’ils nous apprenaient à savoir encore écouter l’enfant qui est en nous.
1 reply on “Bonjour tout le monde !”